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troupes ; des barricades furent élevées sur plusieurs points de la capitale, et toute la nuit se passa en attaques vigoureuses, dans lesquelles les républicains eurent le dessous.

Le lendemain, 6 juin, dès le matin, les barricades de la Bastille et du faubourg Saint-Antoine tombaient au pouvoir de l’autorité militaire ; il ne restait plus aux insurgés que celles du Cloître Saint-Merry et de quelques rues environnantes. Là, une poignée d’hommes se défendit héroïquement, avec désespoir, de manière à mériter l’admiration des vainqueurs eux-mêmes.

Or, pendant que le canon grondait, nous célébrions le mariage de ma sœur cadette.

Je le raconte, ce mariage, afin de donner une idée de ces temps troublés.

Ce fut une odyssée navrante que notre fête de famille, dont il eût fallu pouvoir reculer la date. Mais les préparatifs nous avaient enchaînés, en quelque sorte. Tout était prêt pour la cérémonie nuptiale et pour la noce.

Le 6 juin 1832, des voitures de remise allèrent chercher les deux demoiselles d’honneur, que des individus menacèrent d’arrêter, sur le petit pont de l’Hôtel-Dieu, en prétendant reconnaître des princesses d’Orléans.

Puis, avec le moins d’apparat possible, les époux, suivis des invités, se rendirent à l’église