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Une foule « d’hommes sérieux », de vieillards rabat-joie s’efforcent d’oublier leurs fredaines à la Grande-Chaumière, leurs démêlés avec le père la Hire, — préfet de police du lieu ; ils nient avoir établi ménage avec des grisettes du quartier Latin ; ils ne veulent pas qu’on leur parle des journées de promenades amoureuses, ni des folles nuits.

Fausse honte ; ils savent bien pourtant que la grisette de cette époque avait plus de charmes que la lorette d’aujourd’hui, et que l’on s’amusait fort dans les bals ; que les brasseries n’accaparaient pas la jeunesse.

Musard et Valentino, dont les concerts étaient fort suivis, donnaient des bals masqués. La Jeune-France s’y amusait.

Les bals masqués de l’Opéra ont encore jeté quelque éclat sous la génération de 1830. De bien rares intrigues s’y nouaient, les bonnes fortunes ne s’y rencontraient déjà plus ; mais les costumes y étaient nombreux, soignés, fantaisistes, excentriques, souvent trop débraillés.

Ces bals attirèrent pendant plusieurs années une foule de gens à danse échevelée. Chicard et ses émules remplissaient la salle de leurs cris, et, par leurs gambades extravagantes, ils en rendaient le séjour presque dangereux. Les cohues