Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous assistâmes à un envahissement du moyen âge. Sous l’influence des idées werthériennes, il se trouva que des jeunes filles furent désolées d’avoir une apparence de bonne santé, joues roses et fraîches, parce que cela était « commun » ; il se trouva que des jeunes garçons voulurent avoir l’air de « poitrinaires », au risque de le devenir, en réminiscence du drame d’Angèle.

Le goût du plaisir de la danse se répandait et contrastait avec le goût des sentimentalités.

Odry, Brunet, Arnal, Vernet, Bouffé, la sémillante Déjazet, et tout un groupe de comiques, venaient aussi nous distraire de la byromanie.

Déjà quelques jardins particuliers étaient affectés aux plaisirs publics, — ceux de l’Infante, de l’hôtel de Soubise et de l’Arsenal. Le Vauxhall et le Colisée, situés aux deux extrémités orientale et occidentale de Paris, attiraient la foule. Le jardin Marbeuf était appelé Idalie ; les folies Beaujon, avec leurs montagnes russes, près de la barrière de l’Étoile, rivalisaient avec la Grande-Chaumière, au boulevard du Mont-Parnasse. Le Delta florissait au faubourg Poissonnière, et le Jardin Turc sur le boulevard du Temple ou du Crime, rempli de théâtres de tous genres. À Tivoli, qui a fait place à des rues, on tirait des feux d’artifice et l’on multipliait les ascensions aérostatiques.