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romans. Cette sorte de librairie a été détrônée par les fabricants de volumes à 3 fr. 50 c. et à 1 franc.

En 1830, à Bruxelles, il y avait une « imprimerie romantique » de Feuillet-Dumus, laquelle fit une seconde édition de la Louisa de Regnier-Destourbet. De Belgique nous revenaient bien des contrefaçons. Il convenait d’y mettre ordre, et la Société des gens de lettres, aidée par plusieurs légistes, parvint enfin à détruire la piraterie belge.

Durant une dizaine d’années, la vente d’ouvrages par livraisons à 50 ou à 25 centimes, récemment imaginée, servit à fonder une foule de petites bibliothèques individuelles. Les employés, les commis marchands et les ouvriers se procuraient ainsi Walter Scott, Béranger, Victor Hugo, Barthélemy, Barante, Augustin Thierry, etc. L’usage des livraisons devint général, et il n’a fait qu’augmenter depuis, d’une façon encore plus économique pour l’acheteur.

Au magasin des Deux Pierrots, nous mangions souvent du pain sec à déjeuner, afin de « payer la livraison nouvelle ».

La vente par livraisons contribua à la ruine des cabinets de lecture : on restait propriétaire du livre lu.