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Si le succès trompait leurs efforts et leurs espérances, et si la misère venait à les frapper, ils éprouvaient l’indifférence du vulgaire, dussent-ils mourir de faim ou à l’hôpital.

Un homme d’ardente initiative survint, — le baron Taylor, — qui songea à grouper les forces individuelles disséminées, impuissantes dans l’isolement.

Les grandes associations naquirent. Le baron Taylor, avec une persévérance inouïe, fonda celles des peintres et sculpteurs, des musiciens, des inventeurs industriels et des professeurs.

La Société des auteurs dramatiques existait déjà, florissante, riche, capable de mettre en interdit les directeurs de théâtre récalcitrants. Le baron Taylor n’eut pas besoin de s’en occuper.

Mais la Société des gens de lettres, née à peine, allait mourir : il la sauva. Grâces soient rendues à sa mémoire !

Trop souvent l’homme de lettres était sacrifié, en face de l’éditeur, — pot de terre contre pot de fer. — L’association changea un peu la situation. Aux grandes forces des spéculateurs elle opposa la solidarité des écrivains.

Quinze années durant, de 1828 à 1843, les éditeurs de romans publièrent avec une fiévreuse ardeur des milliers d’ouvrages, dont on ignore généralement les titres à l’heure qu’il est. Plu-