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ceux-là regrettaient amèrement un journaliste honorable, un guide expérimenté.

La fondation du Siècle, journal de l’opposition constitutionnelle, contre-balança l’influence de la Presse, et s’adressa plus spécialement à la petite bourgeoisie. Le Siècle et la Presse, parus tous deux le 1er juillet 1836, se firent une vive concurrence. La Presse a cessé d’être.

Émile de Girardin avait imaginé le feuilleton littéraire, qui tua le volume ; le Siècle excella dans ce genre, grâce à Alexandre Dumas, à Soulié et à Balzac. Le Siècle fut vite appelé « le journal des marchands de vin ». Pas un café, pas un cabaret où on ne le trouvât.

Les journaux quotidiens à 40 francs sont chers maintenant ; il y en a qui coûtent 25 francs, et moins. Progrès. Il y en a même qui ne coûtent rien.

L’artiste dramatique, le peintre, le sculpteur, le musicien, l’homme de lettres, l’inventeur industriel, le professeur, se trouvaient isolés en face des difficultés inhérentes à leurs professions. Ils étaient en proie à l’exploiteur.

Si, voyant leurs droits trop manifestement lésés, ils regimbaient sous l’injustice, ils apprenaient à leurs dépens que


La raison du plus fort est toujours la meilleure.