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ment, en attendant ma réponse avec une visible impatience.

Moi, je ne comprenais rien aux paroles de mon père, qui continua :

« Est-ce que tu connais Alibaud ?

— Oui, papa. »

Ces deux mots furent comme deux coups de foudre frappant au milieu du personnel de la maison.

« Grand Dieu ! fit à son tour la dame de compagnie, s’interposant entre mon père et moi ; mais, mon cher ami, vous nous épouvantez… Êtes-vous coupable ?…

— Coupable de quoi ? répondis-je avec un ton digne d’Éliacin.

— La justice te réclame, reprit mon père en tremblotant et en plaçant dans mes mains le papier en question… »

Vous me croirez facilement, n’est-ce pas ? quand je vous avouerai qu’il s’opéra une commotion nerveuse dans toute ma petite personne.

Mon visage devint tel que mes interlocuteurs frémirent. Évidemment, pour eux, je n’avais pas la conscience tranquille ; évidemment, quelque chose, dont le parquet était en possession, trahissait ma complicité dans l’affaire d’Alibaud.

« Malheureux enfant ! répéta mon père.