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Hélas ! il fallut la guerre funeste de 1870 pour que je reprisse le fusil. Et pourquoi faire ? Pour aller aux fortifications.

Le bourgeois garde national, pendant le règne de Louis-Philippe, était grenadier, voltigeur, ou simple chasseur. Grenadiers et voltigeurs se coiffaient du bonnet à poil ; ils formaient des compagnies d’élite. Cette distinction, contraire à l’égalité, a disparu en 1848 ; elle a causé la fameuse manifestation dite des bonnets à poil, puérile au fond et en la forme.

À propos des grades, les compétitions étaient excessives. L’officier jouissait de certains avantages. Outre qu’il portait l’épée, il allait aux réceptions royales et municipales, et, au bout de quelques années, il avait grande chance d’être décoré. Le grade servait en mainte occasion, surtout aux employés du gouvernement.

Ceux-ci ne figuraient guère parmi les récalcitrants, d’autant plus que les jours de garde étaient des jours de congé au bureau.

Par le temps d’émeutes qui troubla le règne de Louis-Philippe, la garde nationale subit d’ailleurs de rudes épreuves. Elle alla au feu ; elle compta des morts et des blessés, en marchant à la suite des troupes de ligne. Ce sabre que Joseph Prudhomme déclarait être « le plus beau jour de sa vie », figura souvent sur le cercueil