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empêchements qu’il faisait valoir, s’exclama, d’un air furibond :

« Enfin ! j’aurai donc un fusil ! »

Le Conseil pensa aussitôt qu’il s’agissait d’un homme dangereux, et il revint sur sa décision.

Mais le moyen, bon pendant quelque temps, fut trop souvent employé, et finit par ne plus rien valoir.

Quant à moi, je continuai d’appartenir, toujours comme triangle, à une légion de la banlieue dont le prince Napoléon était colonel.

J’avais pour chef un professeur au Conservatoire. Notre musique s’était recrutée assez péniblement ; gagistes ou amateurs possédaient un talent médiocre, et j’en bénis le ciel !

Effectivement, le général Mellinet, mélomane fieffé, nous passa en revue, un matin, sur le chemin de l’Haij. Au défilé, nous exécutâmes divers morceaux, mais d’une façon si déplorable que le général Mellinet s’écria avec colère, en se bouchant les oreilles :

« Faites-les taire ! faites-les taire ! Ils sont trop mauvais ! »

Nos boums-boums cessèrent. Notre musique fut licenciée, et je « rentrai dans mes foyers » avec l’espoir de n’être plus jamais garde national.