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ennemie, où les subalternes de la cour ne cachèrent point leur antipathie.

« Ah ! monsieur, dit un jour la nourrice du comte de Paris au médecin de ce prince, aujourd’hui nous allons tous bien, puisque monsieur Thiers n’est pas ministre. » Le roi, quand de Broglie, Guizot et Thiers se trouvaient d’accord par hasard, déclarait :

« Je me trouve neutralisé, je ne puis faire prévaloir mon avis ; c’est Casimir Périer en trois personnes. »

Dans le public, Thiers était surnommé Mirabeau-Mouche, Petit-Poucet politique ; Guizot, « l’austère intrigant ». Molé, disait-on, était comme une femme spirituelle et nerveuse ; et on le comparait à une Célimène politique, à une grande coquette.

Dupin aîné détestait ces « beaux Narcisses de doctrinaires ».

Un grand désarroi existait dans les partis politiques, et bientôt les opposants au gouvernement personnel, quelles que fussent leurs nuances, ne purent renverser les ministères qu’en se coalisant. Depuis le jour où Laffitte, complètement délaissé par son ancien ami Louis-Philippe, s’écria amèrement à la tribune : « Je demande pardon à Dieu et aux hommes d’avoir concouru à la révolution de Juillet », les déplacements de majorité se succédaient, et quiconque attaquait