Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Le bleu d’outremer nous manque ; d’ailleurs, ajoute-t-il, c’est un produit en tout temps fort rare et fort cher, et Sèvres a besoin d’un bleu qui résiste au grand feu. Voici 1 500 francs, va me découvrir un bleu qui remplisse les conditions que j’indique.

— Mais, balbutia Thenard, je…

— Je n’ai pas de temps à perdre, reprend Chaptal ; va-t’en et rapporte-moi mon bleu au plus vite. »

Le problème était résolu un mois après. La fortune du chimiste était assurée.

En 1800, un matin, à l’aube du jour, Vauquelin frappe à la porte de Thenard.

« Allons, s’écrie-t-il, allons ! Et qu’on se fasse beau !

— Qu’y a-t-il ? demanda Thenard.

— Il y a que la loi sur le cumul me force à renoncer à ma chaire du Collège de France, et que je veux que vous alliez demander ma succession.

— Je ne le puis, ni ne le dois.

— Dépêchez-vous donc ; j’ai pris un cabriolet à l’heure ; vos retards me ruinent. »

Thenard s’exécute, suit Vauquelin, est nommé au Collège de France.

Là, plus tard, pendant une leçon, il reconnaît Berzélius, le grand chimiste suédois, au nombre