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ment, une place d’orateur comparable à celle de Lacordaire dans la chaire sacrée.

Après un discours contre le gouvernement, il fut acclamé par les députés de la gauche.

« Quelle peste que l’éloquence ! » s’écria M. d’Angeville, centrier.

Et comment n’eût-on pas applaudi Berryer, quelque sujet qu’il traitât ! Comment n’eût-on pas fait trêve un instant à des opinions politiques, en entendant ce merveilleux artiste de la parole, dans la bouche duquel toutes les phrases, tous les mots portaient !

Je ne crois pas exagérer, lorsque je m’exprime ainsi sur l’éloquence de Berryer. Ses ennemis, à la Chambre, l’admiraient et le redoutaient tout ensemble ; ils désiraient l’entendre parler, et, après l’avoir entendu, ils se repentaient d’avoir éprouvé ce dangereux plaisir.

C’était un royaliste de progrès, qui a dû avoir bien des désenchantements, surtout de la part de nombreux royalistes entièrement voués aux idées rétrogrades.

Berryer a été accusé d’avoir voulu déchaîner « le génie terrible des révolutions » contre la monarchie de 1830. N’en croyez rien. Seulement, il ne manquait jamais de rappeler son origine à cette monarchie, en exaltant les hauts faits de la royauté légitime, et son opposition gênait plus