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de succès réel, du moins pour les Orientales. Le Condamné fait horreur et me semble inférieur à certains passages des Mémoires de Vidocq… M. Victor Hugo n’est pas un homme ordinaire, mais il veut être extraordinaire, et les Orientales m’ennuient. »

Nous ne pardonnions pas à Népomucène Lemercier qui, novateur dans la plupart de ses productions, n’en reniait pas moins la révolution littéraire dont il avait été un des précurseurs, et qui s’écriait :


« Avec impunité les Hugo font les vers. »

Nous ne pardonnions pas à Duvergier de Hauranne cette phrase : « Le romantisme n’est pas un ridicule, c’est une maladie comme le somnambulisme et l’épilepsie. »

Nos « bandes romantiques » croissaient en nombre et en vigueur. Elles s’attaquaient aux « rococos », aux « perruques », et nous nous moquions bien d’être appelés par eux « décousus ».

Bignan, classique pur, maudissant le romantisme, entassait prix sur prix de poésie académique et se montrait digne de partager les couronnes de Baour-Lormian, que les Jeunes-France surnommaient balourd-dormant, et dont