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l’art musical par l’illustre Berlinois, Fromental Halévy, jeune encore, composait la Juive, où brillèrent Nourrit et Levasseur, Mmes Falcon et Dorus. Le succès de cet opéra fut complet, et il devait être durable. Bientôt Halévy, dont l’inspiration mélodique manquait parfois de distinction, s’avisa de contourner ses phrases pour les rendre moins vulgaires. Exemples : Quand de la nuit l’épais nuage, etc., de l’Éclair, et Pendant la fête une inconnue, etc., de Guido et Ginevra.

Quoi qu’il fît, et cela prouve la valeur intrinsèque de sa musique, Halévy écrivait nombre de morceaux redits par les orgues de Barbarie, et, conséquemment, populaires.

L’orgue de Barbarie avait encore un rôle considérable dans la renommée des compositeurs. On prétendait, de mon temps, que plusieurs d’entre eux rêvaient ce succès, au point de le payer, afin de rivaliser avec les romances de Bérat, de Masini, de Loïsa Puget, d’Hippolyte Monpou.

Ce dernier n’avait pas besoin de recourir à ces moyens corrupteurs. Son air Adieu, mon beau navire ! tiré de l’opéra Les deux Reines, retentit à tous les coins de rues comme l’Andalouse et le Fou de Tolède.

Les savants en musique ne voyaient dans Monpou qu’un faiseur de romances tapageuses, et