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d’œuvre, excitait des transports d’admiration dans toute l’Europe.

Aujourd’hui, les purs ne peuvent entendre parler de Bellini, de Donizetti, voire de Rossini, sans hausser les épaules, tant la mélodie est pour eux chose banale, tant la peur d’écrire d’une manière claire et naturelle les porte à forcer les détails harmoniques, au détriment du chant, tant ils exècrent les vocalises.

En composant Robert le Diable, qui fut représenté à l’Opéra le 22 novembre 1831, Meyerbeer établit une alliance intime de l’harmonie avec la mélodie, de la profondeur allemande avec le brio italien.

Nous avons eu la bonne fortune d’entendre cette partition interprétée par Nourrit, Levasseur, Dabadie et Mlle Dorus (plus tard, Mme Dorus-Gras) ; nous avons eu la fleur d’une œuvre qui, malgré ses beautés, a vieilli beaucoup, surtout quand on la compare aux autres opéras de Meyerbeer, — aux Huguenots, au Prophète, où éclatent merveilleusement les passions tumultueuses de l’âme.

Meyerbeer commença la fortune de l’Opéra, l’ère des grosses recettes, mais aussi des mises en scène splendides auxquelles le public s’est accoutumé.

On pourrait dire qu’il a composé de la musi-