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crire des morceaux dans une arrière-boutique de son éditeur, ou en attendant le riz.

Dans son Guillaume Tell, il tenait à montrer aux Français « qu’il comprenait un peu la musique ».

Au Théâtre-Italien, combien de soirées délicieuses il nous a procurées ! Quelle large place il a tenue dans le répertoire !

Et cependant le peintre Ingres disait, en parlant de certaines œuvres du maestro : « C’est la musique d’un malhonnête homme ! »

À sa suite apparurent Bellini et Donizetti.

Bellini savait émouvoir par la mélodie, malgré son harmonie incorrecte et sa faible instrumentation.

Un soir que nous assistions à une représentation de la Sonnambula, en entendant le finale du premier acte, Théophile Gautier, les yeux humides, nous dit avec enthousiasme :

« — Eh ! eh ! Il me semble que nous pleurons ! »

Nous pleurions, en effet, à l’audition de cette musique pathétique, rehaussée encore dans Norma.

Plus scéniques étaient les partitions de Donizetti, dont la facilité égalait, surpassait peut-être celle de Rossini, et qui a composé une soixantaine d’opéras. Lucia de Lamermoor, son chef-