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lait préparer la publication, afin de la lancer utilement. On ne possédait pas alors les procédés rapides et à bon marché qui facilitent aujourd’hui ces sortes d’ouvrages.

Les visites aux ateliers étaient intéressantes encore, non pas seulement à cause des primeurs dont on avait par avance l’agréable surprise, mais aussi parce que les futurs exposants se livraient à des commentaires étranges sur les œuvres passées et présentes de leurs rivaux.

À les entendre, rien de bon n’apparaîtrait, en dehors de leurs propres travaux.

« Y aura-t-il, me demandait l’un, quelque toile de ce peintre d’enseignes qu’on nomme Delacroix ? Son balai est-il démanché ? »

« Verrons-nous, me demandait l’autre, un rouleau de papier de tenture, imaginé par Horace Vernet ? »

« On assure, avançait un troisième, que Paul Delaroche a envoyé une grisaille fort mélodramatique. La connaissez-vous ? »

Je me gardais de répondre, car il eût fallu parler sur le même ton, hurler avec les loups.

Quelquefois, ces opinions émises par des hommes que leur talent hors ligne eût dû rendre moins acerbes, moins injustes envers des collègues, m’irritaient un peu.

Mais l’absolu dans l’art était, est encore chose