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mantiques affluaient, comme chez leur ami, Louis Boulanger. Victor Hugo, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Paul Foucher, Pétrus Borel s’y rencontraient avec Gustave Planche.

Gustave Planche avait alors un peu moins de trente ans. Il était de ceux que la vocation littéraire tourmentait, et il ne voulait pas être pharmacien dans l’officine de son père. Après avoir pris une première inscription à l’École de pharmacie, Gustave Planche se fit homme de lettres, collaborateur de l’Artiste ; et bientôt il s’attacha surtout à Alfred de Vigny, qui l’introduisit à la Revue des Deux Mondes.

Là, ce critique doctrinaire s’institua « magister de la littérature » ; il tint véritablement la férule, de telle façon qu’Alphonse Karr le surnomma plaisamment « Gustave le Cruel », et que Victor Hugo, Lamartine, Lamennais et Balzac en reçurent des coups, injustement appliqués.

Nous autres, romantiques persévérants, nous vîmes en lui un transfuge. L’auteur d’Hernani se vengea de ses articles perfides en l’appelant, dans les Voix intérieures « méchant, Zoïle à l’œil faux », en le déclarant « trop venimeux pour qu’on le touche ».

Pour ma part, j’ai peu fréquenté Gustave Planche. Sa tenue fort négligée lui attira plus tard de nombreuses et vives critiques. Il s’en