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combien cette tête est belle ! Admirez la pose de Vénus ! Jamais on n’a si noblement compris la figure de Jeanne d’Arc ! », etc.

Il me semble que je suis encore dans le petit appartement d’Ingres, à l’Institut.

On peut déclarer hardiment qu’Hippolyte Flandrin continua l’auteur du Saint Symphorien, sans admettre qu’il le dépassa, sinon pour le caractère religieux.

Fidèle à son maître, à Ingres, l’auteur des peintures murales de Saint-Vincent de Paul, de Saint-Germain des Prés, à Paris, et de Saint-Paul de Nîmes, excella dans le portrait. Hippolyte Flandrin était regardé comme un des plus habiles dessinateurs contemporains, comme un des plus sobres coloristes. En fait de couleur, sa sobriété nous paraissait excessive. Selon nous, il poussait trop au gris. La grandeur et l’unité harmonieuse de ses compositions rachetaient ce défaut, qui était celui des derniers représentants de l’école classique en peinture.

Nous avions sur le cœur les grisailles de Meynier et d’Abel de Pujol, ainsi que ces plafonds blafards dont nos monuments avaient été pourvus par les artistes officiels.

Cependant Eugène Delacroix, le chef des coloristes, ne cessait pas d’envoyer aux Salons ses compositions hardies ; de plus en plus il s’illustrait,