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Le règne de Louis-Philippe a pourtant été remarquable par la lutte qui exista entre les coloristes et les dessinateurs en art, comme entre les classiques et les romantiques en littérature, comme entre les harmonistes et les mélodistes en musique.

Il eût été difficile, en ce temps-là, de ne pas se prononcer pour Ingres ou pour Delacroix, quand même on n’eût jamais essayé de tenir un crayon.

Je pris parti pour Ingres, lorsque le Martyre de saint Symphorien fut exposé au Salon de 1834. Devant ce tableau, les plus vives contestations s’élevaient, et, il faut le dire, les critiques l’emportaient sur les éloges.

Certains aristarques reprochaient au maître des incorrections de dessin ; ils plaisantaient sur quelques intentions mal traduites par le pinceau, et sur des détails trop compliqués.

Vainement les admirateurs ripostaient, en alléguant que le peintre de l’Apothéose d’Homère avait rendu avec une force remarquable le sujet dramatique par lui choisi, et que sa composition était superbe de forme et d’expression.

Ingres, ne retrouvant pas en France l’accueil qu’il avait reçu en Italie, se découragea, ou plutôt il bouda le public français. Il annonça qu’il ne participerait pas, désormais, aux expositions officielles ; et il tint parole, partit pour Rome comme