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lancer ses comédies sur la scène du Théâtre-Français, et tenir en échec les maîtres nouveaux.

On reprochait à Eugène Scribe ses incorrections de style, de ne pas écrire en français, d’être « bourgeois » même en traitant des sujets prétendus historiques, d’avoir une foule de collaborateurs, de diriger une fabrique de pièces, et enfin de gagner beaucoup d’argent, ce qui lui permit de patronner efficacement la Société des auteurs dramatiques.

En réalité, Scribe excellait dans l’art de grouper les petits incidents, de nouer et de dénouer les intrigues, de semer les traits d’esprit dans l’action, et de consulter incessamment le goût de son public. C’est lui qui disait, en notant un mot dit devant lui : « Il sera bon dans un an. » Autour de Scribe gravitèrent, outre Ernest Legouvé, bon nombre de vaudevillistes, Dupin, Brazier, Carmouche, Bayard, Saintine, etc., et, de ses collaborateurs ou de ses émules, plusieurs se permettaient de parodier les drames en vogue, audace que nos amis romantiques supportaient avec peine.

Arrière les vaudevillistes, et vivent les dramaturges ! Nous aimions bien mieux les gros mélodrames de Joseph Bouchardy et consorts, qui avaient fait partie du cénacle, et qui, s’ils écri-