Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au théâtre des Funambules, sur le boulevard du Temple, une bonne partie des bohèmes se donnaient rendez-vous ; quelques-uns faisaient des pièces pour Deburau, le Pierrot inimitable, célébré par Charles Nodier, exalté par Jules Janin dans un livre qui obtint un succès énorme.

Étranges représentations, parfois, que celles des Funambules ! À côté des « voyous » de nature, il s’y trouvait des femmes du grand monde, des artistes et des hommes de lettres.

Nous avions l’habitude d’occuper une avant-scène avec Péquegnot, le graveur, et Bonvin, le peintre, avec d’autres amis qui étaient fort au courant des petites misères du théâtre. Rien de plus amusant : on faisait la conversation à voix basse, en a parte, avec les acteurs et actrices ; mais on se taisait à l’apparition de Deburau, puis on l’applaudissait à outrance.

Privat-d’Anglemont devait toujours faire des pièces pour les Funambules, mais je n’en ai pas vu éclore une seule. Beaucoup de bohèmes visaient la fortune de se créer un répertoire mimé par Deburau.

Encore un mot de la littérature et du théâtre, avant de passer à l’art et à la science.

J’ai laissé de côté Casimir Delavigne. Ne croyez pas que ce soit par dédain, ni qu’il y ait parti pris chez moi. Mon hugolâtrie n’allait pas jus-