Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

saient trop haut et, manquant leur but, succombaient sous le découragement. Charles Dovalle, dans sa Muse romantique, avait dit :


Vole, jeune homme !… Oui, souviens-toi d’Icare :
Il est tombé, mais il a vu les cieux.

De jeunes écrivains, trop ambitieux au début, tombèrent sans éprouver cette joie suprême. Ils ne se virent jamais imprimer.

Jules Vabre annonça seulement l’Essai sur l’incommodité des commodes, fantaisie qui n’a jamais paru, qu’il n’a pas même commencée. D’autres ne firent que des essais, des plans, des rêves de publication, des inventions de titres abracadabrants.

À la suite des irréguliers de la plume se multiplièrent les bohèmes, affectant le dédain le plus profond pour ce que les bourgeois appellent « règle de conduite », se posant en successeurs de François Villon, jouant le rôle de rapins littéraires, habitués de cabarets, souvent de mauvais lieux, rompant avec les usages de la société polie, et croyant enfin que tout est permis aux hommes d’intelligence.

Ici, je ne veux nommer personne, ni ne veux blâmer plusieurs amis auxquels le genre de vie qu’ils ont mené a été plus ou moins fatal. À côté des faux Byrons romantiques il existait de