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sortit pas des rangs des amateurs bien doués.

Quels souvenirs s’attachèrent à Élisa Mercœur, morte de langueur et de misère, dit-on, en janvier 1835 ! Elle eut pour ami Chateaubriand, qui suivit son cercueil. Après juillet 1830, Élisa Mercœur fut soumise à une dure épreuve. Les vers — à l’exception de ceux que signaient les maîtres éclatants de la poésie — ne se vendaient plus. Les contemporains préférèrent la prose. Pour vivre, Élisa Mercœur essaya de placer dans un journal une courte pièce de vingt-huit rimes. Elle espérait bien réussir, grâce à la recommandation du grand médecin Alibert.

Le rédacteur du journal compta les vers, et, tirant d’un tiroir vingt-huit sous, offrit la somme à Élisa Mercœur, qui fit un mouvement d’indignation.

« Mais, mademoiselle, lui dit le rédacteur avec le plus beau calme, je ne paye les autres vers que deux liards !

— Deux liards ou un sou, ce n’est pas mon prix ! » s’écria-t-elle.

Elle ressaisit sa pièce, la déchira soudain, et sortit désespérée.

Élisa Mercœur gagna son pain en apprenant à lire aux petits enfants de son quartier.

Au même temps, Hégésippe Moreau écrivait :