Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

magasin des Rogron, ou bien qu’il avait tenu lui-même un dépôt de mercerie. On le surnomma le « commissaire priseur », et, pour une foule de lecteurs, cela nuisait à son talent : les plus impatients sautaient par-dessus des pages, afin d’arriver plus vite au dénouement que, par parenthèse, Balzac brusquait d’ordinaire avec la plus entière désinvolture.

Il connaissait tous les vendeurs de bric-à-brac de l’Europe, était en correspondance avec eux, et trouvait dans leurs marchandises une ample matière à description. Il était l’ami de tous les artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, et il détestait les critiques, qui lui semblaient des producteurs « impuissants, mentant à leurs débuts ».

Sainte-Beuve lui en a toujours voulu pour cette phrase, qui lui paraissait être une attaque ad personam.

De même, les journalistes ne lui pardonnèrent pas le Grand Homme de province à Paris.

Un soir, dans les salons d’Érard, Franz Liszt se faisait entendre. Je me trouvais, avec Balzac, Préault, Fétis et Berlioz, avec plusieurs feuilletonistes musicaux, dans un des petits salons voisins de celui où Liszt tenait le piano.

L’incomparable, le surprenant virtuose nous émerveillait en interprétant du Bach, du Beethoven et du Weber.