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le cénacle de Mme Récamier, ce qui, parfois, attira sur la belle vieille quelques-unes de nos critiques. Elle était, en effet, coupable de petites intrigues littéraires, à ce point que l’on compara sa coterie à celle de l’hôtel de Rambouillet, et que l’on surnomma son salon « l’Académie-aux-Bois ».

Pour le salon de Delphine Gay (Mme Émile de Girardin), si appréciée sous le pseudonyme du courriériste vicomte de Launay, il obtint un succès complet, et toute la littérature contemporaine y trouva place. Fille de la belle et spirituelle Sophie Gay, la blonde châtelaine de la rue Gaillon, belle et spirituelle, autant sinon plus que sa mère, fut entourée d’hommages. Lamartine l’appelait « un bon garçon ».

Delphine Gay avait chanté Charles X, mais elle avait consacré de remarquables strophes à la mémoire du général Foy, et elle avait connu la reine Hortense à Naples ; aussi les gens de tous les partis célébraient-ils la « muse », qui grandissait à côté de Mme Amable Tastu, dont les Chroniques de France parurent en 1829, dont le nom littéraire datait de la pièce de vers intitulée : Les Oiseaux du Sacre. Tour à tour passèrent dans son salon Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, Balzac, Frédéric Soulié, Eugène Sue, Théophile Gautier, Méry, Mlles Mars et Rachel.