Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lons impérialistes, quoique naguère on l’eût surnommée « la petite peste », à cause de ses bavardages et de ses perpétuelles anecdotes. En juillet 1830, Mme d’Abrantès vivait retirée à l’Abbaye-aux-Bois.

Mme Récamier, déjà âgée, recevait dans sa retraite, à l’Abbaye-aux-Bois aussi. Son cénacle, qui datait de longues années, était l’antichambre de l’Académie.

Depuis Chateaubriand, que d’académiciens expectants ont passé par ce petit appartement, où des célébrités d’un genre particulier se produisirent ! Ayant eu l’honneur d’être exilée par Napoléon Ier, Mme Récamier, rentrée en France avec les Bourbons, en même temps que son illustre amie Mme de Staël, charmait par sa beauté durable, par les grâces de son esprit et son goût des belles choses. Le prince Auguste de Prusse lui avait offert le tableau de Gérard, l’Improvisation de Corinne au cap Misène ; Louis David avait esquissé ses traits, et Canova s’était inspiré d’elle pour sculpter son buste de Béatrix. Elle protégeait et soutenait le malheur, et entretenait correspondance avec les gens les plus distingués de l’époque.

La société que recevait Mme Récamier continuait quelque peu celle de Mme Necker, principalement celle de Mme de Staël, dont le physique