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table culte. L’auteur d’Atala faisait des visites quotidiennes à Mme de Duras. Lorsqu’il ne pouvait aller trôner dans son salon, il ne manquait pas de lui écrire, et l’auteur d’Ourika ne manquait pas, non plus, de faire lire la précieuse lettre à tous ses invités, tant elle était fière des visites de Chateaubriand.

On raconte que tous les jours, à cinq heures de l’après-midi, Chateaubriand se rendait à l’hôtel de la duchesse, où il restait une heure. Sa voiture attendait à la porte. Durant cette heure-là, personne n’avait accès chez Mme de Duras. Il arriva que l’hôte illustre s’absenta pendant une semaine environ ; et pour qu’on ne s’aperçût pas de cette absence, la noble dame louait une voiture qui stationnait devant la porte, juste le temps accoutumé.

Ourika était surnommée « l’Atala des salons », et une foule d’objets de mode étaient dits à l’Ourika. Un tel engouement du public pouvait bien enivrer la duchesse de Duras.

La fille du littérateur Villeneuve, Mme Mélanie Waldor, réunissait chez elle les vieux amis de son père, mêlés à de jeunes écrivains, poètes ou artistes, appartenant à la nouvelle école.

Comme pour une foule de romans et de livres improvisés, la duchesse d’Abrantès, qui a laissé de très volumineux Mémoires, continuait les sa-