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applaudissements, même avant l’apparition de son Histoire des Girondins, parsemée de pages très révolutionnaires.

Au demeurant, député grand seigneur, comme il l’était, poète, Lamartine faisait princièrement les choses, pour les autres et pour lui.

Il lui arriva de rencontrer, à Dijon, un ami assez riche et de lui emprunter dix mille francs. L’ami n’hésita pas à prêter. Trois jours après, en passant à Mâcon, le prêteur ne vit pas sans étonnement une affiche, sur tous les murs placardée, annonçant que le représentant de Mâcon avait donné dix mille francs pour les indigents de la ville.

Le salon de Lamartine avait quelque chose de solennel et de cosmopolite. Plusieurs étrangers, des diplomates que le poète avait connus pendant son magnifique voyage en Orient, lui venaient rendre visite et hommage.

Peu s’en fallait qu’on n’y cherchât des yeux lady Stanhope, nièce de W. Pitt, cette espèce de reine de Palmyre échouée dans un vieux couvent près de Saïd, où les Bédouins la regardaient comme sorcière et prophétesse.

Lady Stanhope avait prédit à Lamartine de très hautes destinées, en lui demandant son nom, qu’elle avouait n’avoir jamais entendu prononcer.

Ô néant de la gloire ! ô mortification cruelle !