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avec le colonel italien Pepe, pour cause de vers satiriques, et qui avait déclaré ensuite n’avoir voulu offenser personne.

Je ne fus admis qu’une fois à l’honneur de lui faire ma cour, seulement lorsque Paul de Saint-Victor, encore non connu, était le secrétaire, en même temps que le thuriféraire attitré de Lamartine, et répétait avec complaisance, pour les invités nouveaux, les moindres mots du poète, en les soulignant de la manière la plus laudative.

Ce salon était pour un tiers lyrique, pour un tiers élégiaque, et pour un tiers politique.

Quand Lamartine commença à se lancer, avec les ailes d’Icare, dans l’inconnu des systèmes, les journaux de l’opposition renvoyèrent ce conservateur progressiste à sa lyre, à sa barque sur le lac, et à son Elvire platoniquement adorée.

Peu à peu, s’éloignant « du parti des bornes », il provoqua, dans des discours admirables, la « révolution du mépris » contre la politique de Guizot. Lamartine jetait le gant aux rétrogrades, se faisait homme d’action.

Même après Jocelyn, idylle développée jusqu’aux proportions du poème, sa poésie se démodait aux yeux de la jeunesse, qui préférait Alfred de Musset ; par contre, les accents lyriques de son éloquence lui valaient de nombreux