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« bon goût », chez lesquels ils déblatéraient en chœur contre les « barbares ».

Un type étrange, parmi les producteurs de l’époque, c’était le vicomte d’Arlincourt. On peignit son portrait en pied et on l’exposa au Salon du Louvre.

Il se redressait debout sur un rocher, qui s’élevait au-dessus d’un précipice. Son œil fulgurait. Le vicomte tenait à la main des tablettes ; à ses pieds un torrent roulait ses eaux troubles… Il méditait, calme et sublime, sur l’âpre majesté de la nature.

Écrivain hybride, tantôt ultra-romantique, tantôt classique renforcé, il composait des poèmes épiques, tels que la Caroléide, puis Ismalie ou la Mort et l’Amour, roman-poème, puis une foule d’épisodes historiques où fourmillaient les allusions contre la royauté de Louis-Philippe.

Car le vicomte d’Arlincourt était un passionné légitimiste.

En 1825 il donna, dans son château de Saint-Paër, en Normandie, une fête splendide à la duchesse de Berry.

Charmante résidence : au milieu des bosquets du parc serpentait une rivière. La duchesse fut reçue dans une barque pavoisée de drapeaux blancs et de fleurs, bariolée et parfumée. Des dames, en costume de bergères, la menèrent en-