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Le cénacle de l’Arsenal précéda celui de la place Royale ; les dimanches de l’Arsenal furent très suivis jusqu’au moment où les dimanches de la place Royale leur enlevèrent une notable partie de leur personnel.

Dans l’impasse du Doyenné, qui n’existe plus, Théophile Gautier ouvrit un cénacle tapageur, où se voyaient les romantiques à crinière, parmi lesquels, exceptionnellement, apparaissait le silencieux Gérard de Nerval, qui, d’après Henri Heine, « était d’une candeur enfantine, d’une délicatesse de sensitive… aimait tout le monde et ne jalousait personne ».

Gérard de Nerval, vivant au jour le jour, était déjà connu des lettrés par ses poésies nationales et par sa traduction de Goethe.

On pourrait dire d’ailleurs que vers ce temps les cercles littéraires pullulaient. Pas de petit poète qui ne voulût réunir des prôneurs, afin de passer à l’état de « maître » ; pas de réunion qui ne cherchât à posséder un organe, — journal ou revue ; — pas de feuille périodique, si mince fût-elle, qui n’imprimât sa déclaration de foi classique ou romantique.

Viennet, Ancelot, Baour-Lormian et Hippolyte Rolle trouvaient des journaux, principalement le Constitutionnel, pour insérer leurs articles contre la nouvelle école, et des amis, défenseurs du