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santes, et qui daigna me donner quelques conseils pour le plan de mes Mémoires du peuple français.

Un soir, une très nombreuse compagnie était réunie chez le maître des maîtres. Le charmant poète Méry se fit couvrir d’applaudissements en improvisant des vers sur le feu d’artifice que l’on tirait, pour l’anniversaire des « glorieuses », à la barrière du Trône. Ses hémistiches suivaient, avec une surprenante facilité, le bruit des bombes, le petit sifflement des fusées, le crépitement lumineux du bouquet final.

Esquiros venait là : son recueil poétique Les Hirondelles était apprécié par Victor Hugo ; sa douce voix, récitant des strophes, ne pouvait nous faire pressentir qu’il serait, en 1848, un déterminé montagnard.

Paul Meurice ne publiait rien encore, et Auguste Vacquerie composait ses poésies L’Enfer de l’Esprit, vigoureuses de pensée.

Tous deux étaient les lévites préférés du grand Maître, devant lequel, d’après les caricaturistes, ils tenaient incessamment l’encensoir, et dont ils ont été depuis comme les fils adoptifs.

Gérard de Nerval avait déjà, parmi les jeunes, une réputation de fantaisiste et de styliste ; sa traduction de Faust, que Goethe déclarait excellente, et dont les chœurs furent mis en musique