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semblaient sonner mieux à l’oreille, sortir du terre-à-terre bourgeois.

Çà et là paraissaient quelques articles de moi, bien modestement, sans que j’eusse entrepris aucun livre d’une réelle importance.

Ma bonne étoile me conduisit chez un de ces collectionneurs émérites qui, sous la Restauration et le règne de Louis-Philippe, réunirent toutes sortes de curiosités relatives à la révolution de 89.

Pour collectionner, l’époque était bonne. On trouvait des perles dans du fumier : il ne s’agissait que d’avoir du flair, du goût et de la patience. Sauvageot, dont la collection a enrichi le Louvre, et Du Sommerard, créateur du délicieux musée de Cluny, ne possédaient pas, que je sache, une grande fortune.

J’ai connu, à Lille, M. Gentil-Descamps, non millionnaire, dont la demeure était pleine de bahuts, d’ustensiles de ménage, de sceaux historiques, etc., et dont la vie était remarquablement simple.

Aujourd’hui, il faut de l’impatience et de l’argent, pour collectionner.

Alors, les possesseurs d’objets curieux n’en soupçonnaient pas, généralement, la valeur, et, pour s’en défaire, ils n’exigeaient point de sommes folles.