Beyle voulait cacher sa personnalité. Il était homme du monde plus qu’homme de lettres, et remplissait les fonctions de consul à Cività-Vecchia, sous Louis-Philippe.
À la fin d’un entretien qu’il eut avec le roi-citoyen, aux Tuileries, Louis-Philippe lui dit malignement, en le reconduisant :
« Monsieur Beyle, vous allez un peu à Cività-Vecchia, n’est-ce pas ? »
C’était une allusion au consul écrivain, qui séjournait toujours à Rome, en dépit de ses devoirs diplomatiques, au milieu de la société aristocratique, artistique et littéraire.
Henri Beyle a écrit sous les noms de César Bombet, de baron Raisinet, de Polybe-Low-Tuff, etc. Il prenait des noms de fantaisie, même dans sa vie privée.
Au reste, il y avait des écrivains qui adoptaient sept ou huit pseudonymes ; il y avait des peintres, des sculpteurs, des musiciens, qui ne gardaient pas leur nom véritable, — par caprice ou par spéculation. — Mon ami Emmanuel Gonzalès s’est appelé Caliban, Gomez, et Ramon Goméril.
Il y avait des gens qui donnaient tout au moins une forme latine ou grecque à leurs prénoms : Petrus, Carolus, Aloysius, au lieu de Pierre, de Charles et de Louis. Ces prénoms leur