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créent une foule de politiciens qui commencent par se croire des Thiers, des Berryer et des Gambetta.

Successivement, je fus orateur en herbe, clerc-amateur chez un avoué, — un des secrétaires de l’infortuné Bonjean, l’avocat à la cour de Cassation.

Puisque j’en suis à un chapitre de détails autobiographiques, permettez-moi de payer à la mémoire de Bonjean un juste tribut d’hommages.

Je travaillais dans son cabinet, lorsque l’occasion se présenta pour moi d’entrer dans une bibliothèque publique, grâce à la protection du député Boissel, grâce à la bienveillance du ministre Salvandy.

Alors, je consultai le laborieux jurisconsulte qui connaissait mes goûts littéraires ; je le consultai, car il était alors question aussi de prendre un titre d’avocat à la Cour de cassation, que l’on me proposait.

« Mon ami, me déclara l’auteur du Traité des actions et de l’Encyclopédie des lois, je ne vous crois pas suffisamment apte à la vie des affaires. Je le dis avec franchise. Moi-même, je regrette de n’avoir pas réussi dans le concours pour l’obtention d’une chaire à la Faculté de droit, parce que les études théoriques me souriaient beau-