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seule parole, et bientôt toute la famille fut réunie, en attendant les événements avec une anxiété à nulle autre pareille.

— Eh bien ! disait mon père, je l’avais prévu. Les ordonnances de Polignac ont amené les coups de fusil. On se bat. Comment cela finira-t-il ? Que de victimes, par suite de l’aveuglement des Bourbons ! Voilà où les mauvais conseils ont conduit Charles X !

Trois jours durant, je restai presque emprisonné dans notre maison, avec mon frère et mes deux sœurs.

Nous éprouvions, petits et grands, des commotions nerveuses, quand les fusillades ou les canonnades retentissaient.

On avait pillé les boutiques d’armuriers. Tout ce qui pouvait servir pour combattre avait été employé soudainement.

Le 27 juillet, Étienne Arago, directeur du Vaudeville, avait fermé les portes de son théâtre afin de protester contre les ordonnances et de donner le signal de l’insurrection. Il avait fait porter et distribuer chez Teste toutes les armes militaires qui se trouvaient dans son magasin. Lui-même, héros de juillet, devenait, deux jours après, aide de camp de La Fayette.

Audry de Puyraveau fit distribuer dix-huit cents baïonnettes qu’il avait chez lui.