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unes se donnaient, par esprit de propagande ; une d’entre elles se vendit « au profit des blessés de la garde royale » ; plusieurs sortaient de l’imprimerie de Dentu.

Il va sans dire que si ce libraire poussait de préférence les écrits légitimistes, il ne dédaignait pas de débiter, impartialement, des publications d’autre couleur. Sa clientèle était européenne ; sa maison d’édition a pris les proportions les plus vastes. Mais Édouard Dentu n’a pas gardé complètement la spécialité des brochures ; il a publié des milliers de romans, jusqu’au jour où il a été enlevé, jeune encore, à ses nombreux amis (13 avril 1884).

Corréard, un des rares survivants du radeau de la Méduse, acteur dans le poignant épisode que Géricault avait si supérieurement peint en 1819, s’était fait libraire dans une obscure boutique des galeries de bois, — Au naufrage de la Méduse. Il y avait vendu à profusion les brochures libérales, sous la Restauration. Mais, privé de son brevet en 1822, pour condamnation à propos de pamphlets édités par lui, il ne tenait plus de librairie ; il écrivait sur les arts, les sciences et l’industrie.

Chez Delaunay, chez Ledoyen, chez Levavasseur, même chez Barba, libraire spécial pour les pièces de théâtre, tout en éditant quelquefois d’autres ouvrages, par exemple un Sermon de