Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les coudes et les genoux ; bottes réduites à une paire de semelles ressemblant à des cothurnes.

Quant au physique, — œil beau, nez aquilin, lèvres fortes. Les épaules étaient larges, les mollets saillants ; mais le dos était voûté. Henri Monnier lithographia son portrait à la plume.

Chodruc-Duclos, l’homme à la longue barbe, errait sous les arcades du Palais-Royal, depuis deux heures de l’après-midi jusqu’à une heure du matin. Sa personnalité demeurait indéchiffrable, son but énigmatique ; son cynisme était de convention. Il marchait sombre, silencieux, les mains derrière le dos, dédaigneux du passant curieux, jouant son rôle avec obstination, quelque chose qui arrivât autour de lui.

Le 28 juillet 1830, Chodruc-Duclos se promena comme d’habitude. Seulement, la révolution qui éclatait le vengea de Peyronnet ; il affecta aussitôt une mise décente, — barbe lisse, chapeau convenable. Il continua de faire peur aux femmes et aux enfants, et les commerçants des galeries qu’il parcourait, subvinrent presque avec joie aux frais de son enterrement (octobre 1842).

Au Palais-Royal se trouvaient toutes les brochures mises en vente pour défendre les opinions opposées, politiques ou sociales, éditées dans ce lieu qui ressemblait un peu à la Samaritaine,