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rouge ; sur son gilet étaient écrits ces deux mots : Le Père. On eût pu le comparer à l’Arioste arrêté par des bandits, dans le tableau de Mauzaisse.

À l’audience, l’auditoire demeura assez froid, presque moqueur. Plusieurs dames saint-simoniennes, vêtues d’une tunique bleue, se tenaient derrière Enfantin ou en dehors de la barre.

Les accusés furent condamnés pour outrage à la morale publique, relativement « à la femme et aux rapports de l’homme et de la femme ».

Ils fermèrent leur établissement ; quelques-uns émigrèrent en Orient, pour y propager la foi nouvelle. C’étaient notamment Barrault, Paulin Talabot, Enfantin, — et Félicien David, qui devait s’inspirer loin de la France, et nous revenir avec ses délicieuses mélodies du Désert.

Les saint-simoniens se dispersèrent. Que devinrent-ils, ces hommes dont nous avions ri, après lesquels une foule ignorante courait comme après des masques ? La plupart, intelligences d’élite, firent un chemin brillant dans la politique, les sciences, l’industrie, la littérature et les arts. Leur retraite à Ménilmontant avait été une débauche d’imagination.

Paulin Talabot et Enfantin songèrent à établir entre les Indes et l’Europe une voie de communication directe. Ils demandèrent la concession