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Royne, qui renfermez une royne si rare,

Adoucissez votre ire et changez de conseil.

Le soleil se levant et allant au sommeil

Ne voit point en la terre un acte si barbare.

Peuples, vous forlignez aux armes nonchalants,

De vos aïeux Renaulds, Lancelots et Rolands,

Qui prenoient d'un grand cœur, pour les dames (pierelle

Les gardoient, les sauvoient; oii vous n'avez, François,

Encore osé toucher, ni vêtir les harnois

Pour ôter de servage, une royne si belle.

Si ces vers, qui dntenl des dernières années de la vie du poëte, sont empreints d'une mâle éner- gie, il a su pleurer le départ de Marie avec une douce et poétique mélancolie :

Le jour que vostre voile aux vents se recourba. Et de nos yeux pleurans, les vostres déroba, Ce jour, la même voile emporta, loin de France, Les muses qui souloient y faire demcuranco.

Tout ce qui est de beau ne se garde longtenqjs ; Les roses et les lis ne régnent qu'un printemps ; Ainsi vostre beauté, seulement apparue, Quinze ans, en nostre France, est soudain dis|(arue, (-ommc! on voit, d'un éclair, s'évanouir le trait. Et d'elle n'a laissé, sinon que le regret. Sinon le déplaisir, (pii me remet sans cesse Au cœur les souvem'rs d'une Icllc princesse.

Celle noide el conslanle lidélilé au mnlhcnr; ce culle passionné ponr la reine el son élève (car il est