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avec le plus de force la fougue de la passion, et où ses œuvres reflètent le plus fidèlement l'état de son àme.

C'est de celte époque que date son livre, aujour- d'hui très-rare, des Folastrics, à Janot, Parisien, qui fui brûlé par arrêt du Parlement, et dont les gayetés, conservées dans ses œuvres complètes, ne forment qu'une partie. Ce livre dépasse, en licence et en crudité d'expressions, tout ce qu'ont osé de plus hardi dans ce genre les auteurs assez peu scrupuleux du seizième siècle.

Nous devons maintenant parler d'un trait de la vie du poëte auquel se rapportent deux pièces in- tercalées dans ce recueil.

Voici, réduit aux proportions les plus simples et les plus naturelles, le récit du fameux festin d'Ar- cueil, où Ronsard, selon le dire de ses ennemis, aurait sacrifié aux divinités du paganisme.

La réforme classique était dans tout son éclat, et la tentative de restauration du théâtre antique, commencée par la traduction du Plutus, était cou- ronnée d'un plein succès. Jodelle, fervent disciple de la nouvelle école, avait fait représenter devant la cour, au milieu des applaudissements unanimes, sa tragédie de Cléopâtre. Or, un jour de caresme- prenant, la brigade, toute pleine encore de son triomphe, se trouve à Arcueil dans une fêle pu-