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— 5^2 — Chose remarquable! il y avait sept ans déjà que Ronsard versifiai!. Il s'était essayé dans le sonnet et dans l'ode, dans le madrigal et l'élégie, et, cepen- dant, il n'avait rien encore publié. Il avait vu du Bellay prendre les devants sur lui ; il avait résisté à ce désir, si fréquent chez les poètes; il avait jus- qu'ici paru dédaigner la célébrité. Ses odes n'étaient connues que des rares privilégiés admis à faire partie de la Pléiade. Il laisse du Bellay commencer, dans la Défense et illustration de la langue français?^ à attaqner a les soldats de rignorance. » Il laisse dit i\I. Gandar , Pelletier publier, avant lui, ses odes, et Jodelle se glorifier d'avoir mis le premier, sur la scène, la comédie grecque. Ni les suffrages du peuple qu'il méprise, ni les joies de la lutte pour laquelle il se sent fait et de la victoire qu'il se pro- met, ni le désir de prendre, à la cour, la })lace qui appartient au roi des poètes, à côté du roi de France ne le décident à mettre ses œuvres au jour, bien qu'elles soient ])aiTaites... dignes de lui-même et des modèles qu'il veut égaler. » Il y a, dans cette inébranlablt! patience, dans cette invincible réso- lution, dans cette calme confiance qui attend sans crainte, parce qu'elle compte sur l'avenir, quelque chose qui fait pressentir ce que sera le génie de Ronsard. Il ne veut pas céder à l'emportement irré- fltM'lii (le la jeunesse, à la complaisance de l'auteur

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