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— 50 — Ronsard le rencontra dans une hôlellcric : la con- versation s'engage et on vient à parler poésie. Ron- sard devint si éloquent, que le jeune jurisconsulle cède aux conseils de son nouvel ami, vient se mettre sous la direction de Daural et se livre, sans réserve, au commerce d'Apollon.

Voici en quels termes Colletet, dans sa Vie ma- nuscrite des poètes français, parle de l'émulation qui régnait au collège de Coqueret. a Les vers de du Bellay éclatlèrent de telle sorte en France que, parmy les curieux de ces productions nouvelles, et parmy les hommes sçavants, on ne parloit d'autres choses que des amours de du Bellay pour Olive (un anagramme qui désignoit une damoiselle des Viole), et de Ronsard pour Cassandre. Ainsy c'estoit à qui feroit mieux, tantost sur le sujet de l'amour, qui, dès lors, dit un aulheur de ce temps là, quitta l'Italie pour venir en Fiance, tantost sur quelque autre sujet que les diverses occasions du temps leur présentoient. Mais comme le bruit s'épandoit par- tout de quatre livres d'odes, que Ronsard promet- toit à la façon de Pindare et d'Horace, comme il arrive souvent que les bons esprits sont jalons les ims des autres, du Bellay voull ut s'essayer à en com- poser quelques-unes sur le modèle de celles de Ronsard et, trouvant moyen de les tirer de son cabinet à son inscou ri de les voir, il en composa et