Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 2y —

impossible d'ailleurs de l'allribuer à la faiblesse de son intelligence, car ses débuts avaient été marqués par les plus brillants succès, quoiqu'il prétende, dans ses vers, n'avoir rien appris au collège.

Sitost que j'eu neuf ans au collège on me meine, Je mis tant seulement un demy an de peine D'apprendre les leçons du régent de Vailly, Puis, sans rien profiter, du collège saillv.

Quoi qu'il en soit, son père, instruit de son dé- couragement, eut la grande sagesse de ne pas per- sévérer dans la voie où il s'était engagé, et le rap- pela à Avignon ; la cour s'y trouvait alors en pas- sage. C'était en 1556 ; l'armée impériale s'avançait sur la frontière et allait entreprendre cette campa- gne, funeste pour elle, où l'énergie de Montmo- rency sauva la France d'un des plus grands dangers qu'elle ait courus. La France n'était qu'un vaste camp ; du Nord au Midi, l'ardeur était la même, et les généraux français avaient peine à faire respecter ce système de temporisation, qui fut, comme on le sait, fatal aux impériaux.

Pierre de Ronsard fut, dès son arrivée à la cour, attaché en qualité de page à la personne du dau- phin François, prince dont les brillantes qualités donnaient les plus belles espérances. Le jeune page né put guère le connaître; car il n'était pas depuis