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devient incompréhensible; il élail souvent oniré, il dopasse les bornes de l'exagération ; quelques ouvrages même de sa première manière ont déjà considérablement perdu. Quand l'auteur lan- (jait, comme un manifesie, sa préface de Cronuvel; quand il écrivait Hcrnani, pour jeler un défi h l'école régnante, il croyait imprimer, à la litté- rature contemporaine, un mouvement dont elle se ressentirait longtemps. Il s'est écoulé, depuis, à peine un demi-siècle, et on peut déjà s'apercevoir que l'étoile de Victor Hugo pâlit. Les années se suc- cèdent; les points de vue se modifient, les idées et les théories passent ; les œuvres restent seules, et n'ont plus, pour se soutenir, que leurs qualités in- trinsèques. Il est trop clair que l'heure du triomphe a cessé de sonner. — Qu'un aude demi-siècle vienne encore, et il semble probable qu'une om- bre, de plus en plus épaisse, s'étendra peu à peu autour de ce grand nom. Puis, sans doute plus tard, dans l'ensemble considérable des œuvres de Victor Hugo, on choisira les meilleures et on for- mera un recueil d'extraits, une anthologie qui eu vaudra bien d'autres. La réputation du poêle flot- tera peut-être ainsi ballolée par le caprice de la mode, ne sombrant jamais sous la vague, mais ne p.irvenanl jamais non })lus au port, où les génies d'ini ordre su|)éiieur, les génies complets et jjurs