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— 275 — Dans son premier drame représenlé, Hernan.i s'adressait ainsi à Dona Sol :

Doua Sol, mou amie,

Dites-moi, quand, la uuit, vous êtes endormie. Calme, innocente et pure, et qu'un sommeil joyeux Entr'ouvre votre bouche et du doigt clôt vos yeux, Un ange vous dit-il combien vous êlcs douce Au malheureux que tout abandonne et repousse?

Bien qu'il fasse parler là des personnages de sa création, on peut supposer, à l'insistance que met le poëte à revenir sur ces pensées, qu'elles sont na- turelles chez lui. Lui, poëte, que la haine abreuve, suivant son expression, il craindrait de voir mêler la femme qu'il aime à sa vie orageuse ; l'amour est, pour lui, comme un port dans la tempête. Les qualités morales paraissent l'attirer encore plus que la beauté physique. Victor Ilugo n'excelle pas, comme Lamartine et Musset, à chanter les transports et les ivresses de l'amour; il en décrit plutôt les angoisses :

Oh 1 qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage.

Si jamais vous n'avez épié le passage.

Le soir, d'un pas léger, d'un pas mélodieux.

D'un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres

Et comme un météore au sein des nuits funèbres.

Vous laisse dans le cœur un sillon radieux ;...