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— 261 — Dans l'Ode à Napoléon II :

Vous savez ce qu'on fit du (jécud historique.

Celle admiration du poëte pour le héros est ex- cessive, mais excusable. Victor Hugo a vu Napoléon de près ; il a élé ébloui par sa gloire, au point de perdre la notion des proportions exactes; mais il n'était pas le seul. Le parti auquel il appartenait avaitsubisouvent la même fascination, avait commis la même erreur.

Une sorte de bonapartisme poétique a enivré toutes les imaginations. On s'est créé un type de Napoléon tenant le milieu entre Attila et Charle- magne, entre la fable et l'histoire. On se refuse à croire à sa mort; on ne peut se le figurer subissant la loi commune; il paraît être d'une nature supé- rieure à celle de l'espèce humaine.

La méprise du poêle était, somme toute, fort explicable : il a exploité, en l'augmentant encore, la renommée inouïe qu'une grande partie des Français avait attribuée à Napoléon, 11 s'est emparé d'une légende qu'il a développée, et à laquelle il a donné la consécration de son talent. Qu'on relise les historiens du temps; qu'on se rappelle les commencements de ce siècle, on devra convenir que notre auteur a pu être de bonne foi dans son