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S'il ne jelle les yeux que sur la France, s'il en étudie les tendances et les dispositions, il envisagera comme un événement capital cette lutte, sourde d'abord, violente dans la suite, entre le peuple et la royauté ; il les considère comme deux principes opposés; c'est là, pour lui, un sujet favori, vers lequel il revient sans cesse :

Dans les Feuilles d'automne (Rêverie d'un pas- sant à propos d'an roi), il dira :

La cour est en gala, pendant qn'au-dessons trelle, Comme sous le vaisseau, l'Océan qni chancelle Sans cesse remué, gronde un peuple profond, Dont nul regard de roi ne peut sonder le fond.

Dans les Rayons et les ombres (7 août 1829), il reproduit avec insistance cette pen^-ée, cl use de la même comparaison :

Il disait que les tenqjs ont des flols souverains.

Que l'ien, ni ponts hardis, ni canaux souterrains,

Jamais, excepté Dieu, rien n'arrèlc et ne dompte

Le peuple qui grandit et l'Océan qni monte ;

Que le plus fort vaisseau sombre et se perd souvent

Qui vent rompre de front et la vague et le vent.

Et que pour s'y briser dans la lutte insensée,

On a derrière soi, roche partout dressée.

Tout son siècle, les mœurs, l'esprit qu'on veut braver.

Le port même où la nef aurait pu se sauvei .