Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/266

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— t>5i — parvenu à la matiirilt' Je l'àgc cl du talent, éclatent tians les Voix intérieures^ dans les Chants du cré- jimcule, dans les Rayons et les Ombres et dans ses drames. Il devient le poêle du peuple. — Oui, si Ronsard esl, avant tout, un chantre aristocratique, s'il n'écrit guère que pour la Cour, pour l'élite des intelligences et de la noblesse, Victor Hugo, aucon- traire, est un poëte populaire. Ce n'est pas pour le monde de l'aristotriitie qu'il écrit ; on dirait que le souffle ardent de la Marseillaise anime ses vers, et involontairement, en lisant sa pièce à PArc de triomphe^ on songe à ce bas-relief, où un habile sculpleur a su hii donner la vie.

Déjà, dans les Odes et Ballades^ il indiquait le lole du poêle et lui refusait le droit de s'enfermer exclusivement dans sa propre pensée, de s'isoler dans ses rêveries. Il voulait que, comme Tyrlée, il enflammât les courages el réveillât les esprits endormis.

l'"aiil-il donc, dans ces jours d'effroi, Rester sourd au eri de ses frères, Ne souffrir jamais (jue pour soi? Non; le poêle, sur la terre, Console, exilé volonlaire, Les liisles humains dans leurs l'ers, l'aiini les peuples en délire, il s'élance, armé tie sa lyre, Connue Orphée au sein des enfers.